Betty D.

Conseillé par (Libraire)
24 août 2014

Une littérature de résistance

L'auteur s'expose ouvertement. Elle a décidé de la faire, désespérée de voir son pays, l'Italie, sombrer de décennies en décennies, porté par un Etat corrompu et mafieux.
Dissimulée derrière Aria, journaliste d'investigation, elle reprend les faits, inlassablement, compte les morts, fustige les gouvernements capricieux avides de pouvoir et d'argent en place depuis 1978. Depuis Il Divo (Giulio Andreotti) jusqu'à Silvio Berlusconi et le tout récent Matteo Renzi, la situation est inchangée. Le népotisme perdure et les alliances déguisées avec la Mafia accouchent de désastres flamboyants, réduisant les Italiens au silence, à la docilité. Simonetta Greggio s'insurge et lance un cri d'alerte devant cet enlisement confus, souterrain et effroyable.
La littérature s'impose en résistante et les mots ont encore du pouvoir.

Conseillé par (Libraire)
24 août 2014

Foisonnant, rayonnant, érudit, facétieux, jubilatoire, extravagant... génial !

Roman d'une ampleur extravagante et géniale. Complètement inclassable même si le point de départ s'inscrit dans le registre de l'aventure, de la grande aventure. C'est foisonnant, rayonnant, érudit, facétieux avec de légères touches jubilatoires. Vous tenez entre les mains un grand roman. Vous ne le lâcherez plus et de toutes façons vous l'aimerez.. Ou bien je ne comprends plus rien à la littérature.
Il s'agit d'un véritable hymne à la littérature, aux livres, aux auteurs, aux lecteurs, à l'imaginaire débordant mais parfaitement maîtrisé, doté d'une petite dimension utopique, voire écologique qui n'est pas pour déplaire.
Embarquez vite dans ce roman à la recherche du diamant volé...

Conseillé par (Libraire)
24 août 2014

Une délicatesse narrative

Longtemps Charlotte Salomon a tourmenté David Foenkinos. Comme une évidence magistrale, elle s'est finalement imposée à lui. Charlotte Salomon revit pleinement sous la plume de l'auteur dans un style singulier, épuré, elliptique. Loin d'une élégie funèbre, il chante la vie tragique de cette jeune peintre juive berlinoise qui a laissé une œuvre unique. Charlotte, anéantie par le nazisme, dotée d'une puissance créatrice inégalable porte aussi en elle un lourd héritage mélancolique familial. Surgit au fil des pages une beauté infinie née de la désespérance. Il y a une lutte forcenée contre les démons intérieurs et extérieurs. Mais Charlotte est tenace et combat à sa manière. Jusqu'au bout.
Grâce à sa délicatesse narrative, David Foenkinos œuvre à ce que rien ne soit jamais oublier, à (re)découvrir cette femme exceptionnelle et sa production picturale.

Conseillé par (Libraire)
24 août 2014

Dilemme

De manière fictive, « La décision » relate l'expérience du désarroi de Thomas Mann face à la montée grandissante du nazisme et sa crainte angoissante de perdre sa notoriété de façon inéluctable. Exilé en Suisse malgré lui, ayant abandonné une partie de ses biens à Munich, Thomas Mann doit se décider à prendre position contre le régime allemand. La décision est compliquée. Largement reconnu en 1936, nobellisé, il la repousse sans cesse, noué par la peur de perdre son lectorat allemand et son Allemagne si chère.
Quel est le rôle d'un intellectuel, d'un écrivain face au chaos annoncé, à la propagande de masse acharnée ? Doit-il se tenir reclus à l'abri de ses livres dans une position attentiste peut-être neutre ? Ou bien peut-il, doit-il agir avec fermeté et radicalité et ne pas adhérer à une politique totalitaire au risque de perdre ses droits et de sombrer dans l'oubli ?

Conseillé par (Libraire)
24 août 2014

Le pouvoir tordant et tordu des mots

En face, il ne se passe presque rien ou si peu. De l'autre côté non plus. Le temps d'un roman, expert dans l'art de manier les mots avec force jubilation, peuplé de références éclectiques habilement distillées et déguisées, Pierre Demarty ouvre les portes sur l'existence plate de Jean Nochez. Un homme d'invisibilité et d'insignifiance. Un homme qui a décidé de changer de vie et d'aller s'installer en face de chez lui, quittant un jour femme et enfants. Jean Nochez a simplement opté pour une existence recluse du monde extérieur et s'en fait l'observateur discret...
Il n'y a rien à comprendre (quoique) sauf à se laisser envahir par la musicalité de la narration et le pouvoir tordant et tordu des mots. Et qui sait, peut-être rencontrerez-vous un jour sur le trottoir d'en face Jean Nochez ?