Anne-Marie, Rayon Poche

4 décembre 2020

Depuis plus de 30 ans, ces disparitions restent un mystère. En 1980 à la frontière bulgare celle de Piotr Boszewski, activiste polonais, et cinq ans plus tard sur cette même frontière celle des frères Seidel. Combien d'opposants politiques tchèques, polonais, hongrois, de fugitifs de la RDA s'y sont volatilisés ou y ont été exécutés ? Qui se cache derrière cette opération connue sous le nom de code "Le Magicien" ?
Hantés par la disparition de leurs enfants et amis, Seidel, Gerhard et Frank ne vont cesser, pendant des années, de rassembler des preuves, détournant les archives de la Stasi pour enfin mettre un nom sur le responsable direct de ces crimes. Le même qui, trente ans plus tard fait partie de l'élite politique de l'Allemagne réunifiée. Mais "s'attaquer aux puissants c'est vouloir sur sa tête déchaîner la foudre et la tempête."

1 décembre 2020

Pendant des années, Shigezo s'est montré plus qu'insupportable envers sa belle-fille Akiko, lui faisant endurer méchancetés et sarcasmes. Aujourd'hui, veuf et sénile, il ne reconnaît plus qu'elle. Akiko endosse un rôle qu'elle n'avait pas jusqu'alors imaginé : s'occuper de son beau-père comme d'un enfant, le veiller chaque nuit et chaque matin retourner travailler. Bientôt la situation l'épuise, elle se sent prise au piège, d'autant que son mari, le fils de Shigezo, refuse d'admettre la gravité de la situation. Corps et âme Akiko se démène pour trouver des solutions.
Le roman de Sawako Ariyoshi s'empare d'un sujet tabou et interroge sans détour le modèle familial du Japon des années 70. Le personnage d'Akiko affronte ses sentiments, souvent ambivalents, se heurte à l'indifférence et la lâcheté des propres enfants de son beau-père, fait face, aussi, à une société qui déconsidère violemment ses personnes âgées. Sawako Ariyoshi fait de son personnage féminin une héroïne moderne qui nous bouscule, tant avec force qu'humanité.

14 novembre 2020

Une femme en contre-jour

Cette femme en contre-jour que Gaëlle Josse tente subtilement de saisir dans son court récit c'est Vivian Maier.
Si elle est aujourd'hui reconnue comme un génie de la photographie, bien des interrogations demeurent à son sujet.
Née en 1926 à New York dans une famille plus que défaillante, ballottée entre les États-unis et la France, sans ancrage, Vivian trouve très vite refuge dans la rue, plus hospitalière à ses yeux que son propre foyer. Un Rolleiflex autour du cou, elle arpente, solitaire, le bitume de New York ou Chicago. Pendant des décennies, grâce à son objectif, elle fixera le regard des exclus, des infirmes, des abandonnés du rêve américain. Comment expliquer ce besoin, telle une ombre, de disparaître au milieu de ces visages pour mieux en révéler toute leurs détresses? Peut-être au fond leur ressemble-t-elle... Vivian qui ne dira rien de ses blessures intimes finira sa vie en recluse, sans n'avoir jamais cherché à développer ou montrer le fruit de son travail. Cent mille clichés qui auraient donc dû disparaître au fond d'un garde-meuble mais le destin en a voulu autrement...

14 novembre 2020

Henri Loevenbruck nous offre un savant mélange entre polar historique et roman de cape et d'épée.

Quand Gabriel Joly débarque à Paris au printemps 1789, cet esprit éclairé a pour seule vocation le journalisme. Fasciné par la capitale, ses déambulations l'amènent à fréquenter des lieux mythiques où gravitent les intellectuels de l'époque. Au Procope, Gabriel se fait bien vite adouber par ses nouveaux amis Desmoulins et Danton et se retrouve en charge de la rubrique "Spectacles" au Journal de Paris. Pour ce jeune homme audacieux, ce n'est qu'une première étape dans sa carrière d'autant qu'un mystère va bientôt l'obséder. À l'aube de la révolution, le quartier des Cordeliers se retrouve le théâtre de nombreux meurtres signés d'un même tueur armé d'un sabre et accompagné de son loup. Si les crimes sont pour le moins sauvages, ils sembleraient toutefois rendre justice aux femmes agressées. Piqué au vif par sa curiosité et doué d'un sens de l'observation évident, Gabriel en vient alors à collaborer avec le commissaire Guyot et se lance dans un journalisme d'un nouveau genre : le journalisme d'enquête.
Du couvent des Cordeliers à l'obscure cabaret du Château Rouge, des galeries souterraines de Paris aux cellules de la Bastille, H.Loevenbruck ne ménage pas son personnage qui, au-delà de son "enquête" se voit précipité au coeur des complots et trahisons de la Cour.
Avec cette première apparition de Gabriel Joly, Henri Loevenbruck nous offre un savant mélange entre polar historique et roman de cape et d'épée.

Le Livre de poche

23 octobre 2020

Rouge carmin, jaune safran, bleu cobalt... A travers chaque chapitre de son roman, Claire Berest fait exploser les couleurs, omniprésentes dans la vie de Frida Kahlo, de ses toiles à ses tenues vestimentaires, des fleurs ornant sa longue chevelure aux murs de sa maison.
Ces couleurs traduisent aussi toute une palette d'émotions tant la vie de Frida est extraordinairement intense !
Lourdement accidentée à 18 ans, elle rebat les cartes et s'offre une nouvelle destinée : ce sera la peinture. Elle, la colombe, qui à 20 ans n'est rien "qu'une métisse de Coyoacàn à la colonne brisée", rencontre le mythe Diego Rivera, plus grand muraliste mexicain de son époque et l'épouse. Si leurs univers artistiques semblent aux antipodes, ils n'en demeurent pas moins fascinés par leur talent respectif.
Le roman de Claire Berest parvient à saisir ce rythme frénétique propre à la vie de Frida Kahlo. Entre immobilité et mouvement, amour et trahison, joie de vivre et souffrances. C'est bien l'icône féministe qui est ici célébrée, celle qui a fait de sa vie une oeuvre d'art.