Mouvements franciscains et société française / XII-XXe siécles : études

Est-il légitime et opportun de commémorer le 8è centenaire de la naissance de S. François d’Assise par un volume où il n’est guère question de lui, mais plutôt de ceux qui, dans notre pays, se sont attachés, institutionnellement ou non, à son esprit et à son message au cours des siècles ? Si nous avons pris ce parti qui peut de prime abord paraître discutable, c’est essentiellement pour deux raisons : l’une – très empirique – est le grand nombre de livres qui au cours des dernières années ont été consacrés, aussi bien en France qu’en Italie, à la personne du Pauvre d’Assise ainsi qu’aux sources contemporaines ou proches de lui qui nous permettent de le connaître. L’autre motif, plus profond peut-être, est que cet ouvrage doit, à nos yeux, constituer davantage une incitation à la recherche qu’un bilan de nos connaissances. Car les études sur l’histoire du Franciscanisme en France, qui ont connu chez nous un vif éclat entre 1880 et 1930 – qu’il suffise d’évoquer ici les noms d’Etienne Gilson, d’Alexandre Masseron et du P. Gratien de Paris, pour s’en tenir aux plus connus – ne s’y portent plus très bien aujourd'hui : « Le mouvement franciscain, écrivait Ernest Rénan en 1884, a eu pour cause première la forte impression que François d’Assise fit sur quelques disciples analogues à lui, mais bien inférieurs à lui. La légende de S. François a la physionomie que nous lui connaissons parce que S. François eut réellement cette physionomie et en imprima l’image dans l’esprit de ses disciples ». On ne saurait mieux dire qu’étudier le mouvement franciscain qui est – toujours selon Rénan – « la plus grande œuvre populaire dont l’histoire se souvienne », c’est contribuer à mieux connaître, sinon François lui-même, du moins l’image parfois appauvrie, déformée ou gauchie mais toujours vivante qu’il a laissée au cœur des hommes. Aussi ce volume constitue-t-il le meilleur hommage que des historiens puisent rendre à ce personnage hors série qui n’a cessé de fasciner les générations passées et qui, parmi les grandes figures du Moyen Age, est certainement celle dont le rayonnement demeure le plus intense.