10 - Revue Epic Vol. 10

Photographier n’est pas qu’une question d’œil. On peut photographier avec ses pieds, avec ses mains, avec sa tête... Mais certains photographes agissent avec leur ventre, avec leur cœur.
Et ce sont ces derniers, en définitive, qui nous permettent de dépasser nos a priori et, à notre tour, de voir avec notre cœur. Envisager la foi aujourd’hui calmement, sans hystérie ni naïveté ? C’est ce que fait
Jenna Garrett à Branson, Missouri, avec Cette montagne sainte.
Plus à l’Ouest et toujours aux États-Unis, Jake Ricker a décidé de consacrer cinq ans de sa vie à capter tous les instants de vie du Golden Gate Bridge, à San Francisco. Cinq ans sur le pont... On pourrait dire que c’est le temps qu’il a « perdu » sur ce pont qui rend si important son travail, tout comme on pourrait parler des personnes que, par sa présence, il est parvenu à faire renoncer à leurs renoncements.
De la générosité, on en trouve aussi dans le projet Des milliers d’épines, de la jeune photographe indienne Deepti Asthana... qui nous raconte l’amitié de deux jeunes femmes, gardes forestières dans le désert du Thar.
Et comme le petit Prince qui répète les réflexions du renard « pour se souvenir», Andreas Bleckmann répète inlassablement ce geste de photographier les passants du petit bout de la côte Sud de l’Angleterre où il vit. Il constitue ainsi un album de famille généreux et très simple... Tiens, simple, encore... Comme le cœur, cet organe que l’on oublie parfois dans notre vie du fait de sa discrétion.