Correspondance 1949-1975, 1949-1975
EAN13
9782267020670
ISBN
978-2-267-02067-0
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Littérature étrangère
Nombre de pages
176
Dimensions
20 x 12 x 1,4 cm
Poids
185 g
Langue
français
Langue d'origine
allemand
Code dewey
193
Fiches UNIMARC
S'identifier
Indisponible

Ce livre est en stock chez un confrère du réseau leslibraires.fr,

Cliquez ici pour le commander
Cette correspondance, qui s’étend de 1949 à 1975, constitue un témoignage de toute première importance sur les relations intellectuelles et amicales qui unirent deux représentants majeurs de la pensée allemande au XXe siècle : Martin Heidegger, considéré comme l’un des plus grands, sinon le plus grand philosophe de son temps, et Ernst Jünger, héros exemplaire des batailles de la Première Guerre mondiale, penseur de la technique et styliste exceptionnel, qui vient de connaître récemment la consécration d’une édition de ses journaux de guerre dans la Bibliothèque de la Pléiade. Le succès qui a accueilli celle-ci confirme l’intérêt du public français pour Jünger, succès qu’il partage avec Heidegger ; ce dernier, malgré la difficulté de sa pensée et les problèmes presque insolubles que la complexité de sa langue pose à ses traducteurs français, est aussi l’un des philosophes allemands les plus lus en France.

Avant même de se connaître, les deux hommes étaient déjà entrés en dialogue, car la pensée de Heidegger sur la technique doit beaucoup au grand essai de Jünger, Le Travailleur, paru en 1932, auquel il a d’ailleurs consacré un séminaire universitaire durant l’hiver 1939-1940. Leur première rencontre n’a cependant eu lieu qu’en septembre 1948.

Leurs premiers échanges épistolaires portent sur le lancement éventuel d’une nouvelle revue de haut niveau qui leur aurait permis de retrouver une visibilité dans le champ littéraire,  après la débâcle allemande de 1945 ; on les voit s’interroger sur cette entreprise à laquelle ils renoncent finalement, car elle risquait de prendre un caractère trop politique, dans une période où ils étaient tous deux violemment attaqués : Heidegger pour son année de rectorat à Fribourg sous le nazisme en 1933-1934, Jünger en tant qu’ancien nationaliste et apologiste de la guerre qui, malgré son absence de compromission avec le nazisme, fut néanmoins accusé d’avoir été l’un de ses précurseurs.

Loin de se borner à un banal échange de politesses entre deux écrivains majeurs, leur correspondance compte plusieurs temps forts, en particulier à propos du dépassement du nihilisme, sur lequel portent les deux textes, Passage de la Ligne et Contribution à la question de l’Être, qu’ils s’offrent mutuellement pour l’anniversaire de leurs soixante ans, fêtés respectivement en 1949 et 1955. Mais il peut aussi arriver à Jünger de demander à Heidegger de l’aider à élucider un passage difficile sur le temps, dans les Maximes de Rivarol qu’il est en train de traduire en allemand, ce qui permet au philosophe de faire à ce sujet un exposé particulièrement lumineux et accessible.

Leurs échanges ne se situent pourtant pas constamment à ce niveau d’ambition intellectuelle, même s’ils illustrent aussi une commune préoccupation pour le langage, par exemple dans l’intérêt qu’ils portent aux expressions populaires du pays souabe dont Heidegger est originaire et où Jünger vient de s’établir. Ce nouveau point commun renforce l’atmosphère d’estime et de confiance qui règne entre eux, car cette correspondance est aussi le témoignage d’une amitié qui ne s’achèvera qu’avec la mort de Heidegger. Dans un temps rythmé par les anniversaires et les envois de livres, on échafaude des projets de rencontres que les difficultés du temps ou de l’âge rendent parfois difficiles à réaliser. Pourtant leurs deux caractères bien différents s’opposent à l’occasion, lorsque, auprès d’un Heidegger plus casanier, Jünger défend son tempérament d’incorrigible globe-trotter, en reprenant à son compte le mot d’Héraclite : « Ici aussi, il y a des dieux » - et même dans la cabine d’un bateau traversant le canal de Suez !

Ernst Jünger est né le 28 mars 1895. Il a participé à la Première Guerre mondiale. Il est blessé quatorze fois et reçoit la plus haute décoration allemande (la croix Pour le Mérite). Après la défaite et sa démobilisation, il poursuit des études de philosophie, de botanique et de zoologie, notamment à Leipzig et Naples. Il s'installe à Berlin et devient journaliste politique. Il écrit dans diverses publications nationalistes et fréquente des cercles nationaux révolutionnaires. Approché par le parti nazi du fait de ses écrits patriotiques, il refuse toute participation et démissionne de son club d'anciens du régiment en apprenant l'exclusion des membres juifs. Dès 1933 il est surveillé en permanence par la Gestapo. En 1939 paraît ce que beaucoup de critiques considèrent comme son chef-d'œuvre, Sur les falaises de marbre, un roman allégorique dénonçant la barbarie nazie.

Son œuvre, riche de plus de 25 romans et essais, s’étale sur 70 ans d’observation et de création. En 1982, il reçoit le prix Goethe, déclenchant ainsi les protestations de certains libéraux qui lui reprochent son passé militariste. Il meurt en février 1998 à l’âge de 103 ans. S’il demeure une figure controversée des lettres allemandes, il est largement reconnu, avec Thomas Mann, comme l’un des plus grands auteurs de langue allemande du XXe siècle. Il est un auteur phare des éditions Bourgois qui a publié l’essentiel de son œuvre en France.

Martin Heidegger est né en 1889 au sein d'une famille de la petite bourgeoisie allemande. Il fait ses études à l’université de Fribourg où il suit des cours de théologie, de philosophie, de sciences naturelles et d'histoire. En 1914, il publie sa thèse intitulée La Théorie du jugement dans le psychologisme, menée sous la direction de Husserl. Il devient professeur et publie son œuvre majeure Être et temps en 1927. Il adhère au parti nazi en 1933, en même temps qu'il devient recteur de l'université de Fribourg. Quelques mois plus tard, Martin Heidegger revient sur son engagement politique et démissionne, ce qui lui vaut la censure de ses textes et de ses cours. En 1936, il entreprend une série de cours sur Nietzsche, dans lesquels il dénonce l'usage que les nazis font de ses textes. L'interdiction d'enseigner est reconduite par les Alliés et ce n'est qu'en 1950 qu’il réintègre son poste à l'université. Considéré comme l'un des fondateurs de l'existentialisme, sa philosophie pose notamment la question fondamentale de l'être (qu'il nomme le Dasein, l' être-là').

Dans sa grande variété, cette correspondance projette un éclairage intimiste sur la vie des deux auteurs et sur leur œuvre. Passionnante et riche de détails nouveaux pour ceux en sont déjà familiers, elle propose aux plus profanes une approche claire et directe d’une pensée jugée parfois hermétique et difficile sur l’Être et le Temps.

La période couverte par cette correspondance a été particulièrement productive pour les deux auteurs. Jünger a, entre autres, écrit les romans Heliopolis, le Lance-pierres, Eumeswil, Le Mur du temps, Chasses subtiles, les Ciseaux pour les essais ainsi que ledébut de son Journal de vieillesse, Soixante-dix s'efface.

En ce qui concerne Heidegger, c’est l’époque où il écrit Qu'appelle-t-on penser, La question de la technique, Identité et différence, Le principe de raison, Héraclite, et de nombreux textes sur Hölderlin, dont le séminaire sur Les Hymnes de Hölderlin "La Germanie" et "Le Rhin", pour ne citer que des titres traduits en français.

Du même auteur chez le même éditeur

Les abeilles de verre

L’Auteur et l’écriture t. 1 et 2

Le Boqueteau 125

Chasses subtiles

Les Ciseaux

Une Dangereuse rencontre

Feu et Sang

Graffiti / Frontalières

La Guerre comme expérience intérieure

Jardins et Routes, journal t. 1

Maxima minima

Orages d’acier

Le Nœud gordien

Les Nombres et les dieux / Philémon et Baucis

Passage de la ligne

Premier journal parisien, journal t. 2

Second journal parisien, journal t. 3

Le Problème d’Aladin

Sens et Signification

Le Traité du rebelle

Le Traité du sablier

Le travailleur

Type, nom, figure

Visite à Godenholm / La Chasse au sanglier

trois chemins d’ecolier

Du même auteur dans la collection « Titres »

Le Boqueteau 125

La Guerre comme expérience intérieure

Visite à Godenholm / La Chasse au sanglier
S'identifier pour envoyer des commentaires.