Sur les chemins noirs

Sylvain Tesson

Gallimard

  • Conseillé par
    6 décembre 2016

    Après un accident dont son crops garde des séquelles, Sylvain Tesson au lieu de suivre une rééducation médicale décide de traverser la France via des chemins oubliés ou méconnus "les chemins noirs".

    "Bancal, le corps en peine, avec le sang d’un autre dans les veines, le crâne enfoncé, le ventre paralysé, les poumons cicatrisés, la colonne cloutée de vis et le visage difforme" , il entame un périple où le temps ne presse pas et sans aucun contrainte. Loin des routes et de la société, il s’enfonce dans la campagne afin de découvrir la France " ombreuse épargnée par l'aménagement".
    Et il s‘intéresse dans ce récit au territoire et à sa géographie. Ses constats ne sont pas tendres avec la technologie et le monde d’aujourd’hui. Il nous fait savoir qu’il est un partisan du c’était mieux avant ce qui à force est un peu agaçant et dans une certain mesure mesure où il nous faut référence à un temps très éloigné celui avant les Trente Glorieuses.

    Mais ses réflexions (ou du moins une partie) font mouche et amène à réfléchir notamment sur l’évolution du monde rural et agricole. Dans ce livre, on ressent toute l'humilité dont il fait preuve ainsi que l'amour qu'il porte pour ces territoires de l’"hyper-ruralité".
    Après cette lecture, un cheminement introspectif et géographique, on n'a qu'une envie : celle de lui emboîter le pas.


  • Conseillé par
    13 novembre 2016

    Le poète des ornières

    N’attendez plus pour lui emboîter le pas. Ouvrir le roman de Sylvain Tesson, c’est traverser à pied une France rurale oubliée, du Mercantour aux côtes du Cotentin. Clopin-clopant, l’écrivain-voyageur a emprunté ce qu’il appelle des chemins noirs, des sentiers de traverse, parfois rocailleux, souvent broussailleux, toujours délaissés. C’est ce périple de deux mois et demi, qu’il raconte, du 24 août au 8 novembre 2015.

    **Tenir sa promesse
    **Son histoire, tout le monde ou presque la connaît. Elle commence par une cuite, à la mort de sa mère. « Pris de boisson », celui qui se prend pour un chat et n’aime rien tant que rentrer chez les gens par les fenêtres, fait le pitre, et tombe d’un toit haut de huit mètres. Verdict : côtes, vertèbres et crâne brisés. Quatre mois plus tard, le voilà debout, en tout cas dehors. « Bancal, le corps en peine, avec le sang d’un autre dans les veines, le crâne enfoncé, le ventre paralysé, les poumons cicatrisés, la colonne cloutée de vis et le visage difforme », l’homme des bois n’est pas bien vaillant. Cassé, mais vivant ! Alors il décide d’honorer la promesse qu’il s’était faite sur son lit d’hôpital : traverser la France à pied. Puisqu’il faut marcher pour se rééduquer, mieux vaut le faire sur ces chemins de muletiers que plus personne n’emprunte plutôt que sur un tapis roulant. Que veut-il fuir ? « Vivre me semblait le synonyme de s’échapper », écrit en préambule, le poète des ornières. Et l’on ne peut s’empêcher de penser au vers baudelairiens de « Moesta et errabunda "» : « Dis-moi, ton cœur, parfois, s’envole-t-il Agathe,/ Loin du noir océan de l’immonde cité/, Vers un autre océan où la splendeur éclate,/ Bleu, clair, ainsi que la virginité ?».

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