Boussole, Prix Goncourt 2015

Mathias Enard

Actes Sud

  • 7 février 2017

    L’invitation au voyage…

    Musicologue et orientaliste, F. Ritter convoque ses souvenirs lors d’une nuit d’insomnie. Souvenirs érudits qui évoquent les écrivains, chercheurs, musiciens et aventuriers épris d’orient, souvenirs amoureux sur les traces de l’insaisissable Sarah. Une merveilleuse invitation au voyage entre Orient et Occident. Magnétique.


  • Conseillé par
    1 juin 2016

    déroutant

    Les textes de Mathias Enard ne s'apprivoisent pas toujours facilement. J'ai commencé celui-ci en me disant que je n'arriverai pas au bout, parce qu'il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à la lecture qu'en fait l'auteur. Au bout de deuxième chapitre, j'avais l'impression que personne n'aurait pu donner ce sentiment de mélancolie qui convient si bien à ce roman, chant d'amour à l'Orient, tout en offrant un éventail impressionnant de références culturelles concernant l'orientalisme. Tout le problème d'un tel roman est de lui faire honneur alors qu'il est très difficile de le résumer. Disons que la trame est construite autour des souvenirs que le narrateur garde de ses voyages en Orient avec Sarah, jeune femme dont il est amoureux. Il est maintenant seul, de retour en Autriche, son pays natal. Cet amour est surtout un prétexte pour écrire une déclaration enflammée au Moyen-Orient et notamment à la Syrie, pour rappeler à quel point Damas et Alep ont été des villes importantes où se sont retrouvés de nombreux européens. La maladie, la nostalgie sont omniprésentes dans ce roman, préfigurant, je le suppose, la maladie cette fois universelle qu'est la guerre et la nostalgie désormais inséparable des souvenirs liés à ce pays en guerre.
    Difficile de nier que ce roman regorge de références littéraires mais aussi culturelles concernant l'orientalisme mais quand on sait que cet orientalisme brasse large, d'Agatha Christie à Verlaine en passant par des femmes qui étaient pour moi d'illustres inconnues et qui ont semble-t-il, rencontré leur destin en Orient, on comprend qu'il y en a pour tous les goûts ici. C'est aussi un roman fortement ancré dans la musique, le narrateur étant musicologue. J'ai beaucoup aimé ce moment où on se rend compte que pour draguer, mieux vaut jouer d'un instrument qu'être musicologue. Notons au passage que "Boussole" nous fait plusieurs fois sourire, ne serait-ce que parce que le narrateur pratique avec aisance l'autodérision.
    On aurait pu penser que le foisonnement de ce roman font de lui une matière impropre à être lue, et donc à être écoutée. Je ne suis pas d'accord. Je me demande d'ailleurs si je l'aurais autant aimé en version papier. Mathieu Enard trouve le ton adéquat pour faire écho à la nostalgie du narrateur et à celle du lecteur face à ce monde qu'on laisse disparaître. Je conseille par contre de l'écouter sans trop le fragmenter, de longues plages d'immersion me semblent nécessaires pour l'apprécier (je l'ai écouté par tranches d'une heure).


  • Conseillé par
    15 janvier 2016

    amour, Orient

    Les boussoles ne servent pas toutes à indiquer le Nord. En l’occurrence, celle qu’offre Sarah au personnage principal indique l’est.

    A la manière d’un Marcel Proust insomniaque, le narrateur nous donne à voir l’Orient depuis sa propre porte à Vienne : il nous emmène en Turquie, puis en Iran. Tel la Shéhérazade des Mille et Une nuits, il nous tient en haleine par son phrasé envoûtant parsemé de références musicales : celles des compositeurs européens jouant l’Orient, et celle des musiciens orientaux.

    Il est également question de poésie et de grands écrivains qui, tel Hugo, prennent parfois leur inspiration à l’est du Bosphore.

    L’auteur démontre ainsi qu’Orient et Occident sont entremêlé depuis toujours.

    J’ai découvert que le premier vampire est né sous la plume d’un écrivain irlandais Sheridan Le Fanu, avec son roman Carmilla.

    L’auteur parle souvent de Hammer-Purgstall, autrichien grand traducteur de littérature orientale et considéré comme l’un des fondateur des études scientifiques de l’Empire ottoman.

    Sans oublier le Divan de Hafez, ses oeuvres complètes qui regroupent plus de 900 poèmes, et qui ont influencés Goethe, entre autre.

    Je n’ai pas cherché à comprendre toutes les références de l’auteur, je me suis laissée porter par sa plume de conteur, et ce fut un très beau voyage.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du manque de communication entre Sarah et Franz, s’attendant l’un l’autre de chaque côté de la porte.

    Quelques citations :

    « Depuis Chateaubriand, on voyage pour raconter : on prend des images, support de la mémoire et du partage. » (p.102)

    « Sur toute l’Europe souffle le vent de l’altérité, tous ces grands hommes utilisent ce qui leur vient de l’Autre pour modifier le Soi, pour l’abâtardir, car le génie veut la bâtardise, l’utilisation des procédés extérieurs pour ébranler la dictature du chant d’église et de l’harmonie. » (p.121)

    « Il n’en reste pas moins que nous devons à l’Empire ottoman et à un de ses plus éminents diplomates un des joyaux de la peinture érotique européenne. » (p.284)

    http://alexmotamots.wordpress.com/2016/01/10/boussole-mathias-enard


  • Conseillé par
    14 septembre 2015

    Excellent

    Un livre que l'on dévore d'une traite et qui sort des sentiers battus. J'ai adoré.