Les Héritiers de la mine

Jocelyne Saucier

Denoël

  • Conseillé par (Libraire)
    18 avril 2016

    Les Enfants de la mine

    On est au Québec et la famille Cardinal est une famille comme les autres, à ceci près qu'ils sont 21 enfants ! Le père, géologue, a découvert un gisement exceptionnel de zinc mais le contrat qu'il a signé avec la très riche industrie minière ne semble pas si favorable après coup. Quand le cours du zinc s'effondre, la ville s'étiole et tombe aux mains des enfants Cardinal, lâchés comme des animaux sauvages dans les rues qui se désertifient : ils ont bien l'intention de récupérer leur ville et leur mine. Mais les tours pendables que les enfants jouent à ceux qui ne veulent pas partir ne suffisent pas à masquer le drame. Comme dans toutes les familles règne un secret et ce récit qui avait commencé comme une cocasserie devient peu à peu plus dense et plus fort.
    On avait adoré Il pleuvait des oiseaux (Folio) du même auteur : vous adorerez Les Héritiers de la mine ! Encore une fois, Jocelyne Saucier mène son récit avec beaucoup d'humour mais sans éluder les sujets importants. Un auteur à découvrir de toute urgence !


  • Conseillé par
    1 juin 2015

    Sacrée famille

    Dans la famille Cardinal, il y a : Geronimo, LaPucelle, Angèle et Carmelle (les jumelles, alias LaJumelle et LaTommy), ElToro (Lucien), LeGrandJaune, Zorro, Yahou, Néfertiti, Tootsie, Wapiti, Emilien, Mustang, Fakir, LeTaon, Magnum et quelques autres. Vingt-et-un ! LePère et LaMère Cardinal ont eu vingt-et-un enfants, tribu joyeuse et solidaire ayant grandi à l'ombre de la mine Norco en Abitibi. Et leurs prénoms de naissance ont été vite remplacés par un trait de caractère ou un particularisme plus ou moins drôle à porter, à assumer. C'est donc LeFion, le dernier-né, qui démarre ce roman choral, s'enorgueillissant d'entrée de jeu de cette famille. En quelques phrases il campe le cadre de la jeunesse de la fratrie, sa genèse en quelque sorte. Un point de vue naïf, la faute sans doute à sa position de petit dernier. Les souvenirs fusent, rigolades et sourires garantis, entrecoupés d'une ou deux observations dissonantes : « j'ai l'impression que notre famille me fuit entre les doigts...senti un malaise, un glissement vers la fuite ». Ce qui vaut aux enfants Cardinal de se retrouver, certains parfois après trente ans de silence, c'est la cérémonie de remise d'une médaille au Père (« prospecteur émérite de l'année »).

    Disséminés aux quatre coins de la planète, plus ou moins en contact les uns avec les autres (que ce soient les Grands, les Moyens ou les Titis, tous adultes aujourd'hui), la raison de cet éparpillement physique est dévoilée assez vite. Prenant la parole à tour de rôle, quelques-uns des enfants Cardinal se souviennent, racontent, évoquent à mi-mot la disparition d'Angèle, jusqu'à la grande explication finale. D'une voix l'autre, vous serez émerveillés par le talent de conteuse de Jocelyne Saucier. L'évocation des frasques des mioches est savoureuse. Le tableau brossé d'une famille TRES nombreuse, avec ses coutumes, ses rivalités frères-sœurs, ses trouvailles linguistiques intrinsèques au clan, est d'une belle justesse. Le drame, poignant, se transforme en secret de famille qui empoisonne la plupart des jeunes Cardinal. « Comment vivre avec un regard, vrillé au plus profond de l'âme, qui vous accuse d'avoir tué votre sœur ? », interpelle Geronimo, devenu chirurgien dans des pays en guerre, « comment expliquer ce qui s'est passé ce jour-là sans briser le mince fil de mensonges qui nous tient en équilibre ? »

    La jumelle d'Angèle, LaTommy, qui vit dans le Grand Nord, où elle s'est réfugiée, est l'ultime voix de cette fiction. « La vérité, prononcée, révélée... par celle-là même qui devait en être protégée », LaMère, l'obligera à aller au bout de cette libération d'un passé étouffant.

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