La Route des coquelicots

Biefnot-Dannemark

Le Castor Astral

  • Conseillé par
    20 mars 2015

    J'ai pas mal parlé des derniers livres des deux auteurs : ici, ici, là, là et là. Voici leur premier roman commun. On y retrouve les ingrédients qui ont fait les succès de leurs livres précédents : bonne humeur, joie de vivre, bons sentiments, personnages aux fortes personnalités, amitié, amour, entraide, rencontres inter-générationnelles, ... et quelques péripéties pour pimenter un tantinet le voyage de ces quatre femmes à travers l'Europe. C'est toujours charmant, un bouquin que l'on a plaisir à reprendre parce qu'on sait qu'il est positif.

    Mais je dois dire que j'y ai trouvé aussi pas mal de longueurs, de redondances, comme si le scénario était très léger et ne pouvait tenir sur 300 pages (aérées et gros caractères). Les personnages sont sympathiques certes, lisses mais sympathiques. Leurs révélations sur elles-mêmes ne sont pas d'énormes surprises, elles sont des femmes simples aux vies simples, comme souvent dans les romans des auteurs ; c'est d'ailleurs ce que l'on aime y retrouver.

    Ces réserves dites, force m'est de constater que le roman se lit très bien, qu'on peut le prêter ou l'offrir sans aucun risque de décevoir. A rapprocher du livre de Didier Fourmy dont je parlais ici-même l'an dernier quasiment au jour près, Les pétillantes. Je concluais mon article par ces mots que je reprends ici : "Une véritable bouffée de joie et de sourires que tous ces livres, ceux de F. Dannemark et celui de D. Fourmy", je ne change rien, j'y ajouterai juste le nom de V. Biefnot.


  • Conseillé par
    2 mars 2015

    Road movie du troisième âge

    Ce roman écrit à quatre mains par Véronique Biefnot et Francis Dannemark est un road-movie qui rappelle plus, par l'âge des protagonistes, la virée en Toscane des trois sexuagénaires des Vieux Fourneaux que la folle balade de Thelma et Louise dans un film resté culte.

    Henriette, Flora et Lydie sont pensionnaires à La Moisson, une maison de retraite, où les anciens sont traités avec beaucoup de bienveillance. Cela n'empêche pas les agacements et les chicanes qui naissent toujours au sein des groupes. Henriette, ancienne mercière belge, bourrue au coeur tendre ne peut pas supporter la fantasque Flora, qui réinvente son passé et se donne toujours le rôle de la star. Une pincée de Roméo et Juliette pimente leurs querelles : Quentin (petit-fils de la première, Roméo donc ) et Stéphanie (petite-fille de la deuxième, Juliette bien évidemment) s'aiment d'un amour tendre qui contrarie les deux mamies. Lydie, la bonne fée, devenue épicière un peu par hasard, est celle qui arrondit les angles, console, conseille et agrémente la conversation des vers toujours bien choisis. Ces trois dames sont veuves et ne voient que très peu leur famille, une situation devenue banale dans notre société, même si elle peut nous interroger sur le lien intergénérationnel.


    Le décor est campé, les deux auteurs ne vont pas laisser leurs trois personnages, confortablement installés dans une routine tristounette. A la maison de retraite, il y a Olena, jeune Ukrainienne de 27 ans, en situation irrégulière. Elle s'occupe avec beaucoup de sollicitude des pensionnaires et cache derrière son sourire ses souffrances : sa fille Milena restée au pays près de sa mère et Vassili, son mari, ouvrier au Portugal. Les deux auteurs ont choisi de changer de typographie selon que l'histoire est vue par les anciens ou par Olena. L'usage de l'italique pour cette dernière montre bien le caractère précaire de son quotidien, l'aspect bancal de sa vie, étrangère sans papier, épouse sans son époux et sa fille, aussi seule finalement que les trois veuves.

    Coup de théâtre, Stéphanie part travailler au Portugal et laisse en France un Quentin inconsolable ! Une mission pour nos "super" mamies : se rendre au Portugal pour raisonner la petite-fille de Flora ! Il leur faut un chauffeur : ce sera Olena et la contrepartie imposée par Lydie pour que celle-ci leur rende service est un "détour" à la frontière polonaise pour récupérer Milena qui va entrer clandestinement en France.

    Débute alors "l'Odyssée" des mémés qui, chemin faisant, retrouvent envie de vivre, curiositéet humanité ! Je ne vous dévoile pas plus de ce road-movie sympathique...

    Mon avis sur ce roman est en demi-teintes, les personnages esquissés ne manquent pas d'intérêt mais les nuances, les aspérités, qui leur donneraient une vraie identité ne sont pas suffisamment présentes. Les villes traversées se résument très souvent à un lieu ou un objet emblématique : Cambray et ses bêtises par exemple. L'Histoire et en particulier le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale est rappelée au travers du passé de Flora mais sans l'intensité que j'aurais souhaitée.

    Au final, une lecture agréable mais très rapide et un parti-pris d'optimisme qui donne parfois à ce roman des allures de conte de fée.

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