La lumière des étoiles mortes

Benjamin Black

Robert Laffont

  • Conseillé par
    17 septembre 2014

    Souvenirs !

    Que dire de John Banville, qu'il est certainement un des plus grands auteurs irlandais vivants ! Une œuvre riche mais pas d'un accès facile. Il s'est récemment mis à l'écriture de romans policiers sous le pseudonyme de Benjamin Black, avec semble t-il, un succès certain.
    La mémoire devient ici une entité malléable ! Ces événements se sont-ils réellement passés de cette manière ? Les souvenirs du narrateur semblent lointains et parfois enjolivés !
    A-t-il vraiment fait la connaissance de Madame Gray de cette façon surprenante, cette femme sur son vélo dont le vent (fripon) soulève l'ample jupe jusqu'à la ceinture offrant une vision furtive, inédite et agréable !

    Il a quinze ans, elle en a trente-cinq et elle est la mère de son meilleur ami. Elle devient sa maîtresse, un amour bref dans une petite ville irlandaise.
    Revivre cette passion très longtemps après est sujet à caution, vérité ? fantasmes ? faits enjolivés ?
    Pendant qu'il tente de rassembler ses souvenirs, lui l'acteur de théâtre, Alexander Cleave est contacté pour tenir le rôle d'Alexander Vander dans un film à venir.
    Il ne connaît absolument pas le monde du cinéma et doit composer avec la vedette féminine du film, Dawn Devonport. Une tentative de suicide de cette dernière va les rapprocher, ils partent en voyage ensemble sur les traces Axel Vander et de Cass, la fille d'Alexander.
    Ce livre fait partie d'une sorte de puzzle qu'est l’œuvre de John Banville où les personnages ont parfois de façon ténue des liens les uns aux autres.
    Je me pose la question, est-il nécessaire d'avoir lu les autres ouvrage de l'auteur pour mieux appréhender ce livre ? Je le pense, mais je les ai lus il y a très longtemps et je n'ai plus que de vagues souvenirs ! Vrais ou enjolivés ?
    Alexander Cleave est un acteur de théâtre vieillissant ( que l'on retrouve dans plusieurs titres de John Banville). A l'apogée de sa carrière, un trou de mémoire en pleine représentation l'a contraint à se retirer du monde du spectacle, il vit dorénavant avec son épouse, ses souvenirs et le fantôme de sa fille morte.
    Axel Vander, personnage fort ambigu (personnage central du roman "Impostures") : il a croisé entre autre Cass Cleaver, la fille défunte d'Alexander. A-t-il eu un rôle dans son décès ?
    Dawn Davenport, actrice à succès, est au fait de sa gloire....éphémère peut-être !
    Ayant lu plusieurs romans de John Banville, ma première impression est que celui-ci m'a semblé plus facile d'approche que beaucoup de ses œuvres précédentes. Malgré tout quelques mots peu usités se trouvent ça et là, mais cela reste dans la limite du raisonnable.
    La question posée par ce roman est la suivante : notre mémoire est-elle fidèle ? Involontairement ou volontairement, ne la travestissons pas à notre profit ? Ne faisons-nous pas l'impasse sur certaines choses désagréables de notre vie !
    Personnellement quand je pense à mon service militaire ne me reviennent que les événements les plus joyeux et dans la mesure du possible, j'évite le reste.
    La rupture de la liaison entre le narrateur et Madame Gray se révèle, en fin d'ouvrage tout à fait différente de ce que le jeune homme se souvenait !
    La mémoire et la vie sont ainsi faites !