Zanzibar

Thibault de Montaigu

Fayard

  • Conseillé par
    5 mars 2013

    Le narrateur est un habitué des livres de commande, que ce soient des "autobiographies" de stars ou des essais politiques qu'il rédige à la place de ceux qui n'ont ni le temps ni le talent de réaliser leurs désirs d'écriture. Aussi quand son éditeur lui demande un nouveau livre, il n'hésite pas, appâté par des gains substantiels et encouragé par l'épais dossier, joint à la requête, lui évitant le fastidieux travail de recherche. Le voilà donc embarqué dans la vie de deux escrocs : Santo Alvarez de Vasconcelos et Thomas Klein. Le premier est journaliste, le second photographe mais aucun n'a percé dans sa profession. Lassés des piges et des fins de mois difficiles, les deux aventuriers décident un jour de profiter pleinement d'un système qui jusqu'ici les a nourris trop petitement. Désormais, ils se diront journalistes pour des magazines de tourisme et profiteront dans chaque pays des meilleures installations hôtelières contre la promesse d'un article dithyrambique, qui, bien sûr, ne paraîtra jamais. Invités dans tous les palaces de la planète, traités avec tous les égards, Vasconcelos et Klein snobent, exigent, abusent tant et si bien qu'ils finissent par éveiller les soupçons. Pourtant, ils s'en sortent toujours, changeant de noms et de pays, jusquà ce jour funeste où on les retrouve mort à Zanzibar, l'un noyé et dévoré par les poissons sur la plage, l'autre pendu au ventilateur dans sa villa. Meurtre? Suicide? L'écrivain enquête, cherche, interroge.

    Flouer les agences de presse, gruger les tour-opérateurs, arnaquer les directeurs d'hôtel, mener une vie de pacha dans des hôtels de luxe, pourquoi pas? Si on en a l'idée et si on est suffisamment malin pour réussir son coup. Ce qui est dérangeant avec le tandem Klein-Vasconcelos, ce sont ces excès qui les rendent peu sympathiques : arrogance, destruction de chambres d'hôtel, exigences les plus folles,etc. Alors sont-ils des profiteurs éhontés ou suivent-ils un raisonnement réfléchi et politique pour prendre à une élite ce qui devrait être permis à tous? Paresseux ou anarchistes? Après tout, peu importe. Leurs tribulations et leurs personnalités en font des personnages agaçants et ce qui sauve de l'ennui, c'est le narrateur, son humour, son détachement, son auto-dérision. sans lui, on pourrait être tenté d'abandonner les deux olibrius à leur triste sort.
    Un livre qui ne restera pas dans les mémoires.