L'homme inquiet

Henning Mankell

Points

  • Conseillé par
    15 décembre 2015

    un coup de coeur !

    Je découvre enfin le légendaire Kurt Wallender avec sa dernière enquête. D'Henning Mankell, je n'avais jamais lu de roman policier et c'est un tort car ce livre est un coup de coeur. Le commissaire Kurt Wallender n’est plus un jeune homme et sa fille Linda est mère pour la première fois. Son compagnon travaille dans la finance et Wallender fait connaissance de ses parents : un ancien officier de la marine et une ancienne professeur d’allemand. Tous deux disparaissent tour à tour et la future belle-mère de sa fille est retrouvée morte.

    Si nous sommes plongés dans une enquête où la guerre froide et l’espionnage réapparaissent, il y a beaucoup plus dans ce livre. On découvre à travers Wallander un homme rattrapé par le temps (il a soixante ans) qui se retourne sur son passé. Vie amoureuse, familiale et professionnelle avec des doutes et des interrogations.
    Et c’est un commissaire dont le portait est terriblement humain et attachant. Henning Mankell aurait pu offrir une sortie étoilée à Wallender mais il a préféré une fin toute autre qui m’a serrée le coeur.
    Un polar hautement maitrisé, de grande qualité et poignant !


  • Conseillé par
    7 janvier 2013

    Un chien fidèle pour l'accompagner dans ses promenades, une maison à la campagne pour profiter du calme, une petite-fille pour égayer ses vieux jours, à 60 ans, Kurt Wallander pourrait enfin être serein, voire heureux. Mais le commissaire se sent vieux et fatigué, son diabète s'est aggravé et sa mémoire lui joue des tours. Tourmenté par sa santé défaillante, il fait tout de même bonne figure devant sa fille Linda et accepte volontiers de rencontrer les parents de son conjoint, Håkan von Enke, capitaine de frégate à la retraite et sa discrète épouse Louise qui fut professeure d'allemand. L'homme profite de l'effervescence de sa fête d'anniversaire pour s'isoler avec Wallander et lui raconter une sombre histoire de sous-marins espions dans les eaux suédoises datant de l'époque de la guerre froide.

    Peu au fait des intrigues politiques du passé comme du présent, Wallander l'écoute pourtant avec attention et se souvient de cette conversation quelques temps plus tard quand von Enke disparaît au cours de sa promenade matinale. Alors faisant fi de sa fatigue et de ses trous de mémoire, Wallander va profiter de ses vacances pour mener sa propre enquête sur cette disparition d'autant plus inquiétante qu'elle est suivie de peu par celle de Louise.

    Depuis le temps qu'on traque les criminels sur les routes de Scanie à la suite de Wallander, on lui a connu des chagrins, des échecs, des regrets, des deuils, des cuites mémorables, des engueulades mais aussi des joies simples, des amours, des réussites professionnelles, des enquêtes rondement menées. On s'est attaché à ce flic solitaire, acharné, triste et bourru et c'est tout naturellement qu'on le suit dans sa dernière enquête dans les méandres de la diplomatie suédoise.
    Alors certes, l'histoire d'espionnage, les enjeux géo-politiques, la disparition du vieux marin sont des éléments intéressants de l'enquête mais ce qui prime dans ce dernier opus de MANKELL, ce sont les états d'âme d'un Wallander vieillissant qui se pose des questions sur l'âge, le temps qui passe, celui qui lui reste à vivre et, bien sûr, la mort dont le spectre se rapproche. Ses inquiétantes pertes de mémoire, ses tentatives pour s'entendre avec sa fille, son attachement immédiat à Klara sa petite-fille le rendent si terriblement humain et vulnérable qu'on lui passe ses accès de colère et son obstination à négliger sa santé. On souhaiterait pour lui une retraite paisible et une longue vieillesse heureuse auprès des siens mais on sait bien que la maladie d'Alzheimer guette et on ne peut s'empêcher de frémir pour la suite...
    Henning MANKELL signe là les adieux de son flic fétiche, des adieux douloureux et poignants pour le lecteur qui a l'impression d'abandonner un ami à son triste sort. On aurait espérer quelque chose de plus joyeux mais cela n'aurait été ni du MANKELL, ni du Wallander.