Breakfast on Pluto

Patrick McCabe

Asphalte

  • Conseillé par
    20 novembre 2011

    Patrick McCabe est cet auteur irlandais irrévérencieux à qui l’on doit « Le garçon Boucher », vainqueur de plusieurs prix et adapté sur grand écran. « Breakfast on Pluto » jouit de la même notoriété, finaliste pour le Booker Prize comme son ainé et également adapté au cinéma, l’auteur y reprend les thèmes chers à son cœur : dans une Irlande rurale où la modernité peine à s’installer, la guerre et la misère ne sont jamais très loin. De même que l’extravagance et le burlesque dont l’auteur aime à se parer à coup de personnages flamboyants et fantasques, une manière de dédramatiser son Irlande saignée à blanc peut être…


    Dès les premières pages, le ton est donné. Patrick Brady alias « Kitty » décide de nous narrer sa vie de manière complétement déjantée et impertinente, à l’aide de moult jurons et expressions très colorées, de quoi choquer les frêles oreilles (ou ici les mirettes ^^). Si l’auteur choisit de s’exprimer avec trivialité par la bouche de Patrick, c’est pour mieux nous immerger complétement dans l’univers farfelu de celui-ci, un travesti poussé à la prostitution qui se retrouve mêlé à l’IRA. « Breakfast on Pluto », c’est donc l’histoire de Patrick Brady, enfant illégitime, né des ardeurs d’un prêtre pour sa jeune et jolie femme de ménage, de ses déambulations au cœur de Londres au milieu des années 70, mais surtout de sa quête pour retrouver sa mère naturelle qu’il l’a abandonné à la naissance. Bien que plutôt court, ce roman est dense, les chapitres s’enchainant à un rythme effréné, la dynamique du récit résultant du langage fleuri de son narrateur, qui passe parfois du coq à l’âne et nous perd un peu dans son exposé.
    En dehors du style survolté et des scènes explicitement provocatrices, Patrick McCabe nous dépeint un quotidien de misère où la rébellion irlandaise n’est jamais loin, avec ses soldats adolescents et ses filles mères toujours plus nombreuses. On sent le clash entre modernité et conservatisme, dans un pays qui peine à se relever de ses émeutes entre protestants et catholiques, de sa lutte pour obtenir les mêmes droits civiques que le reste du pays. Alors oui, on pourrait juste s’arrêter à la vulgarité des dires du personnage principal et ne pas s‘intéresser au véritable propos du roman, mais ce serait finalement passer à côté de quelque chose de fort. Car à travers son discours désabusé et grinçant, Patrick McCabe dénonce les conflits perpétuels qui n’engendrent que misère et espère, par le biais de son personnage principal, des lendemains meilleurs. A découvrir