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    11 juin 2013

    Dès la première page, on sait que Clémentine est morte. Dans la lettre posthume qu’elle adresse à Emma, son unique amour, elle lui confie ses journaux intimes et lui réaffirme sa fidélité, même outre-tombe. Dans les carnets secrets de Clémentine, Emma redécouvre la jeune adolescence qui était si mal à l’aise avec sa sensualité naissante. « Les questions des ados sont banales aux yeux des autres. Mais quand on se sent seule à pieds joints dedans, comment savoir sur lequel danser. » (p. 13) Clémentine souffrait en silence de son attirance pour cette fille aux cheveux bleus croisée un jour dans la rue. Cette fille, c’était Emma et il faudra longtemps aux deux jeunes filles pour construire une relation.


    Emma est déjà étudiante alors que Clémentine est encore une lycéenne qui potasse son bac en essayant de ne pas se faire remarquer. Emma est déjà une lesbienne affirmée et elle est en couple avec Sabine, une artiste très engagée dans la cause gay. Clémentine ne fait que vivre ses premiers émois amoureux, avec un garçon en plus. Il lui est très douloureux d’accepter sa probable homosexualité et ses désirs dans tout ce qu’ils ont d’effrayant quand on vient d’un monde où les choses sont cadrées et figées. « Je suis une fille et une fille, ça sort avec des garçons. » (p. 20)

    Heureusement, il y a Valentin, le seul ami qui ne repousse pas Clem quand elle s’ouvre à lui. « Clem, ce qui est horrible, c’est que des gens s’entretuent pour du pétrole ou commettent des génocides, et non pas de vouloir donner de l’amour à une personne. Et ce qui est horrible, c’est qu’on t’apprenne que c’est mal de tomber amoureuse d’elle juste parce qu’elle est du même sexe que toi. » (p. 85) Finalement, Clémentine apprend qu’on a les préjugés qu’on accepte que les autres nous lancent au visage et qu’il faut prendre garde à ne pas faire de soi-même une caricature. « Mais c’est quoi ce cliché ? La lesbienne qui joue au baby-foot avec ses potes mecs… Et puis merde, je m’amuse. Je suis bien. » (p. 119)

    Évacuons sans attendre le seul bémol de ce roman graphique. Je déplore plusieurs fautes d’orthographe vraiment grossières dans ce très bel ouvrage : je préfère croire qu’elles ont été placées à dessein pour rendre crédible le journal adolescent d’une jeune fille bouleversée qui écrit au fil de la plume, en connexion directe avec ses émotions. Tout en dégradés de gris et de blanc, l’image est douce et se prête à l’évocation des souvenirs. Et les fulgurances de bleu qui traversent la page illuminent l’histoire. Oui, le bleu est une couleur chaude parce qu’ici, son pouvoir n’est pas chromatique, il est érotique, et si le dessin est explicite, il n’est jamais vulgaire ou voyeur.

    Je ne sais pas pourquoi les amours homosexuelles m’émeuvent autant. Peut-être parce qu’elles demandent un supplément de force pour exister. Mais finalement, ce qui compte, ce n’est pas le sexe de la personne qu’on aime (ni son âge, sa religion, son passé, etc.), mais bien l’amour qu’on lui porte et ce qu’on est prêt à affronter pour vivre pleinement cet amour. Un immense bravo à Julie Maroh pour cette histoire si belle et si sensible. Il me tarde de découvrir le film adapté de ce roman graphique, La vie d’Adèle.


  • Conseillé par
    26 février 2012

    Une très belle histoire d'amour, avec ses difficultés, ses embûches et ses joies.

    Un dessin qui sort littéralement du cadre, donnant l'impression d'être juste esquissé, comme s'il ne voulait pas de trait définitif sur cette belle histoire.

    Un arrière-plan peut présent, pour laisser toute la place aux personnages.

    Quelques touches de bleu, pas assez à mon goût. Dommage.

    L'image que je retiendrai :

    Celle du coup de foudre dans la rue, sur un passage clouté.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/02/01/23247111.html