Courbatures, nouvelles

Paul Fournel

Seuil

  • Conseillé par
    18 mai 2010

    15 nouvelles irrésistibles; la première marche du podium pour le prix du Télégramme 2010

    Je redécouvre avec bonheur , et grâce à cet auteur, la joie de la lecture de nouvelles.

    Il faut dire qu'ici j'ai eu ici une grande chance : tomber sur un recueil de nouvelles de très grande qualité , saupoudrées pour la plupart d’entres elles d'un humour grinçant . La plume de Paul Fournel est aiguisée et si vive .

    Le titre choisit pour cet ouvrage « Courbatures » veut montrer que l’on peut se prendre quelques coups dans la vie, se trouver sur un chemin que l’on n’avait pas forcément choisi, se retrouver célèbre sans l’avoir désiré, ou que malgré nos efforts , la victoire n’est pas toujours au bout du chemin ….Toutes ces illustrations de la vie ont été faites ici par l’écrit , avec, la plupart du temps, beaucoup de légèreté ou subtilités . Une œuvre dynamique et pas larmoyante car plongé dans le bain de l’humour ! Et qui souvent nous surprend !

    J'ai été époustouflée ,dans le sens où en quelques lignes et pages , il parvient à nous emmener dans une histoire toute entière , remplie de personnages dont les traits sont bien marqués, entourés d'un décor bien tracé .
    Un vrai beau travail d'orfèvre .

    Sur les 15 nouvelles , j'en ai adoré 12 ; 3 m'ont moins plu ; j'ai une affection particulière pour :

    - « Pilou de la télé » extrait : « Elle lui expliqua la difficulté de trouver du travail , la douleur des fausses valeus, la rapidité du temps qui passe, la faible imagination des réalisateurs, et des producteurs. Elle lui parla de sa peine à vouloir être ce qu’elle était et du malheur de voir tout lui filer sous le nez sans avoir son mot de désir à dire , sans avoir à faire valoir ces interminables années d’apprentissage » , une vision très burlesque mais qui semble si vrai des gens de la télé .
    - « Un peu de sang neuf », extrait : « La veuve wasserman , qui n’avait rien à faire de ses jours, choisissait invariablement l’heure de pointe du dimanche matin pour venir bousculer ceux qui attendaient dans la boutique et exiger qu’on lui donne , toutes affaires cessantes, sa demi-baguette sans sel pour son régime. A ceux qui protestaient gentiment , elle expliquait que le nouveau avait intérêt à soigner ceux qui le faisaient vivre toute l’année et que la station debout était pénible et qu’elle avait beaucoup souffert . » , une toile si bien dessinée après une observation précise de l’humanité dans toutes ses hypocrisies , petites intolérances et bassesses.
    - « les hommes doux », « rock’n roll attitude » ,
    et « Faire deuxième » dont voici un extrait : « Il avait eu un instant de défaillance psychique .
    rien de rustique comme la peur de gagner, ou comme la peur de mal faire, ou comme la peur de perdre .
    Quelque chose de profond, de noir , gros , comme une tête d’épingle, impossible à détecter.quelque chose qui clochait dans sa préparation et qui lui minait secrètement le moral.Il se sentait morose mais déterminé . Il allait la traquer , son épingle . »

    Pour moi , ce livre est mon préféré de ceux présentés pour le Prix du Télégramme , et je le conseille vivement !