The Visitants
EAN13
9782367345284
Éditeur
Au vent des îles
Date de publication
Collection
LITTERATURE
Langue
français
Fiches UNIMARC
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The Visitants

Au vent des îles

Litterature

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Après le suicide d’un officier, Alistair Cawdor, sur une île reculée du
territoire australien de Papouasie, cinq témoins sont interrogés par les
services gouvernementaux dans le cadre d’une enquête. Un vieux planteur blanc
(MacDonnell), sa domestique indigène (Naibusi), un élève officier de
patrouille (Tim Dalwood), un interprète kiriwina (Osana), un jeune chef papou
(Benoni). À l’instar de la jeune Saliba, d’autres narrateurs se joignent à ce
récit rétrospectif tissé d’intrigues entrecroisées qui se répondent, se
contournent, se confrontent. Car, étroitement liée à l’histoire du suicide de
Cawdor, il y a celle du conflit dans l’île qui oppose le vieux chef, Dipapa,
et son jeune prétendant, Benoni. Sont intimement mêlés à ces deux histoires
les rumeurs et le mystère entourant un objet volant non identifié, à leur tour
inextricablement liés aux espoirs, croyances et cultes du cargo millénaristes
qui exploseront dans un déchaînement de violence à la fin du roman. Visitants
explore le thème de la colonisation et de ses ravages dans le contexte sauvage
et hostile de la Papouasie–Nouvelle-Guinée des années 1950, où Randolph « Mick
» Stow a lui-même séjourné dans sa vingtaine, en tant que cadet militaire et
assistant de l’anthropologue du gouvernement colonial australien. Ce récit
surréaliste et violent est un concert de voix, indigènes et coloniales,
chacune témoignant de sa version des événements entourant le suicide de
l’officier australien en poste dans la région, malade de paludisme et de
dépression. La richesse linguistique et psychologique de toutes ces voix forme
une sorte de symphonie complexe, un concert désaccordé métaphorique de la
surdité coloniale et de sa destruction d’une harmonie culturelle préexistante
au chaos. Le phénomène culturel unique des « cultes des cargo », propre à la
PNG du début du XXe siècle, est aussi réinvesti brillamment dans le roman.
L’humour si caractéristique de la culture et de la langue australiennes y
tient également une place importante. Ce qui n’est pas le moindre des
paradoxes, quand on sait que Mick Stow fut lui-même gravement malade là-bas,
atteint de paludisme et de dépression suicidaire comme son personnage, et dut
être rapatrié en Australie au bout de quelques mois. La grande difficulté de
la traduction réside évidemment dans le rendu de ces multiples voix, et dans
les repérages sous-jacents des différentes langues employés par les
personnages : anglais, kiriwina ou pidgin. La multiplicité des repérages
énonciatifs entrecroisés est donc à son paroxysme dans ce récit dont le genre
complexe se situe lui aussi à la croisée du roman, du théâtre, du livret
d’opéra, de la poésie, du documentaire anthropologique, du dialogue
cinématographique tragi-comique… Julian Randolph « Mick » Stow est né en 1935
à Geraldton, Australie-Occidentale, petite ville portuaire entre Océan indien
et arrière-pays pastoral. Australien de cinquième génération, issu de deux
lignées « patriciennes » (juristes du côté paternel, propriétaires terriens et
éleveurs du côté maternel), il perçoit dès l’enfance la puissance de la terre
australienne, les enjeux historiques, spatiaux et sociaux de cet « étrange
pays[1] » et le kaléidoscope de sens suscités en son propre paysage intérieur.
Poète dès l’âge de 6 ans, il publie ses premiers poèmes à l’adolescence et
reçoit la Médaille d’or de la Société littéraire australienne en 1957 pour son
premier recueil Act One. En 1958, c’est le Miles Franklin Award, prix
littéraire le plus prestigieux d’Australie, qui lui est attribué pour son
troisième roman To the Islands. Ses deux premiers romans, écrits avant sa
vingtième année, ont été publiés en 1956 (A Haunted Land) [Une terre hantée]
et 1957 (The Bystander) [Le Témoin/L’Observateur]. Dans le même temps, il
poursuit des études de linguistique, langues et anthropologie, avec une
spécialisation en lettres anglaises et françaises. Il traduit des poésies
médiévales françaises et sera toute sa vie inspiré et accompagné par les
poètes du voyage Baudelaire et Rimbaud. Son mémoire de maîtrise porte sur
l’œuvre de Joseph Conrad. À l’instar de ces derniers, sa vie et son œuvre sont
intimement liées. Sa passion pour la linguistique et sa facilité pour les
langues vivantes l’incitent d’abord à travailler durant les vacances
universitaires dans une mission anglicane pour Aborigènes de la région du
Kimberley au nord de l’Australie-Occidentale. Ce sera le thème de To the
Islands [Vers les îles] qui lui vaudra une deuxième Médaille d’or de la
Société littéraire australienne. Il part ensuite en Territoire australien de
Papouasie (actuelle Papouasie–Nouvelle-Guinée) en tant qu’élève officier et
assistant de l’anthropologue du gouvernement, basé dans les îles Trobriand où
il apprendra la langue kiriwina. Cet épisode terrible et marquant de sa vie
donnera naissance quelque vingt ans plus tard au roman cathartique Visitants
(Prix Patrick White, 1979), polyphonique et inclassable, considéré par
certains comme son chef-d’œuvre. Dans les années 1960, Randolph Stow enseigne
dans des universités australiennes et anglaises, voyage et vit aux États-Unis
et notamment en Alaska. Il publie en 1963 Tourmaline, allégorie écologique
visionnaire et en 1965 le roman de son enfance idyllique et tourmentée en bord
de mer sur fond de Seconde Guerre mondiale, The Merry-Go-Round in the Sea [Le
Manège dans la mer], le plus populaire et enchanteur de ses ouvrages, étudié
par des générations de jeunes Australiens tant au lycée qu’à l’université.
L’œuvre sera couronnée par le Prix Britannica Australie en1966. 1967 est
marqué par la parution d’un autre grand classique de la littérature
australienne, tout aussi atypique que les précédents, Midnite : The Story of a
Wild Colonial Boy [Min8, histoire d’un sauvage garçon des colonies] (1967),
conte pour enfants philosophique et burlesque inspiré de la tradition des
bandits de grand chemin australiens. Après plusieurs allers et retours entre
Australie et Angleterre (qui s’effectuaient principalement par bateau à
l’époque), il s’installe dans le Suffolk, région d’origine de ses ancêtres,
dont il apprécie la richesse dialectale et la douceur des paysages. Il y mène
une vie simple et frugale, faite de relations sociales simples et locales.
Cette Angleterre rurale sera le lieu de sa guérison psychique, relatée avec
brio dans The Girl Green as Elderflower (1980) qui réinvestit les légendes
médiévales de la vieille Europe, tissées de généalogie australienne. Randolph
Stow, toujours en relation avec les plus grands noms de l’intelligentsia
australienne[2] — écrivains, poètes, peintres, musiciens —, poursuivra ensuite
une vie discrète dans la ville portuaire de Harwich, dans l’Essex. Celle-ci
sera le décor de son ultime roman publié, The Suburbs of Hell (1984),
confrontation brillante avec La Mort. Il publiera encore deux autres recueils
de poésie, Outrider et A Counterfeit Silence : Selected Poems (Prix Grace
Leven, 1969) ainsi que deux livrets d’opéra sur des musiques de Peter Maxwell
Davies, Eight Songs for a Mad Kinget Miss Donnithorne’s Maggot. Puis, ce sera
le silence littéraire pour cet homme secret et prodigieusement doué, qui
estimait qu’il fallait avoir « une sacrée bonne raison pour mettre un autre
livre au monde, sacrifier tous ces arbres… » Si Randolph Stow est salué par la
critique comme « le plus invisible des grands romanciers australiens du XXe
siècle », les proches de Mick se souviennent de lui comme d’un homme « drôle,
délicieux et charmant ». Randolph Mick Stow s’est éteint en 2010 à l’âge de
soixante-quatorze ans et repose désormais sous un hêtre, dans la forêt
cinéraire de Wrabness. [1] “My soul is a strange country” (Mon âme est un
étranger pays), extrait de To the Islands. [2] Mick : a Life of Randolph Stow
de Suzanne Falkiner, UWA Publishing, 2016.
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