Rétro Taiwan, Le temps retrouvé dans le cinéma sinophone contemporain
EAN13
9782360571130
Éditeur
L'Asiathèque
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Rétro Taiwan

Le temps retrouvé dans le cinéma sinophone contemporain

L'Asiathèque

Indisponible

Autre version disponible

Analyse du goût du vintage dans le cinéma sinophone.

Analyse du goût du vintage dans le cinéma sinophone. L'auteur fait la synthèse
des grands travaux qui ont étudié ce mouvement, plus complexe qu'une simple
nostalgie, et s'attache à cerner, en s'appuyant sur des analyses détaillées de
films de Hou Hsiao-Hsien, Edward Yang ou Tsai Ming-Liang, ce que les
Taïwanais, Hongkongais ou Chinois tentent d'exprimer.

Découvrez une réflexion qui s'attache à cerner, en s'appuyant sur des analyses
détaillées de films, ce que les Taïwanais, Hongkongais et Chinois tentent
d'exprimer à travers le côté rétro de leur cinéma.

EXTRAIT

Pour en revenir à la séquence écho de Rice Bomber* : pendant trois semaines,
le quartier normalement solennel et très calme de Chung-cheng (siège de
nombreux bureaux gouvernementaux) est devenu un carrefour de rencontres
intellectuelles et politiques, un lieu de création de spectacles et de
projection de films, de cours universitaires dispensées aux coins des rues et
le théâtre de prises de paroles de la part d’activistes en tout genre. Le
contraste avec les images vues dans la salle de cinéma ne pouvait être plus
fort : Yang Ju-men décide de placer un explosif précisément dans la rue
Qingdao (par où les étudiants sont passés pour occuper le Parlement) ; dans le
film il fait nuit ; une figure encapuchonnée défie les caméras de surveillance
en glissant une bombe dans un bac à ordures. L’explosion est spectaculaire.
Mais le champ-contrechamp qui se crée entre film et réalité ne l’est pas
moins. Aucune bombe dans la manifestation des Tournesols vs une déflagration
au cinéma ; une foule, des couleurs et des slogans dans la réalité vs le
silence de la scène de nuit à l’écran ; visuellement du plein vs du vide. Mais
voici comment Rice Bomber*, en réactivant l’histoire récente, souligne la non-
neutralité du vintage tout étant un film affecté par une certaine retromania :
les images sont filmées par le Coréen Cho Yong-kyo qui magnifie la beauté des
champs et des corps sculpturaux des acteurs ; la musique est signée par le
compositeur iranien Peyman Yazdanian que Cho Li a découvert en regardant le
film de Lou Ye sur Tiananmen (on va y revenir) ; la jeune fille est dotée de
tous les gadgets de la « révolutionnaire chic » (symboles de paix aux murs de
sa chambre, uniformes militaires, chemises indiennes, colliers en plastique)…
Le film est relié à cet imaginaire transnational vintage qui revient sans
cesse sur les dix à vingt dernières années à la recherche d’une identité
(perçue comme) perdue ; les collaborateurs internationaux insufflent des
tonalités musicales entendues ailleurs, utilisent une palette de couleurs
familières, en somme ils contribuent au caractère cosmopolite, connecté et
standardisé du film. En développant un imaginaire qui tisse des liens
nostalgiques de continuité avec un présent über-compliqué, on fait apparaître
également les raisons des impasses d’aujourd’hui.

À PROPOS DES AUTEURS

Corrado Neri est docteur en cinématographies asiatiques et maître de
conférences à l’université Lyon 3. Ses recherches s’articulent autour du
cinéma japonais, chinois et taïwanais et portent tout particulièrement sur la
dimension politique de l’interculturalité.

Stéphane Corcuff (né à Brest en 1971) obtient en 2000 son doctorat à
l’Institut d’études politiques de Paris. Enseignant-chercheur spécialiste du
monde chinois, il étudie particulièrement Taiwan — où il a vécu de longues
périodes — sous l’angle des dynamiques identitaires de ses marges, de son
histoire géopolitique et de sa recomposition politique. Directeur de l’Antenne
de Taipei du CEFC 2013 à 2017, il est membre du comité éditorial de
"Perspectives chinoises".
S'identifier pour envoyer des commentaires.